A l’époque, on ne parlait pas trop de Burn Out et encore moins du syndrome de l’imposteur. J’étais « jeune » sur le marché de l’emploi, c’était mon deuxième poste.
Je me souviens d’être allée voir une psychologue et de lui avoir partagé à plusieurs reprises ce sentiment de porter toujours des masques, de ne jamais pouvoir être moi-même et qu’au final, je ne savais plus trop qui j’étais. Elle gardait le silence et inclinait sa tête de haut en bas… (la caricature du psy qui dit rien et fait des dessins…)
Alors imaginez ma tête lorsqu’en formation de coaching on a parlé des masques sociaux…
Bref, revenons à l’histoire principale j’avais 27 ans, j’étais dans une PME à fort développement et potentiel lorsqu’on me propose de passer manager et d’encadrer certains de mes anciens collègues. Après hésitation, j’accepte… Comment refuser ?
Vous imaginez, moi, Alexia, on me faisait suffisamment confiance pour me donner un poste avec plus de responsabilités. Je leur étais reconnaissante pour cette promotion et j’allais tout donner pour les remercier et leur montrer qu’ils avaient parié sur le bon cheval.
La perfectionniste
En bonne élève, lorsque j’ai demandé une formation en management à mon responsable il m’a répondu : « Ce n’est pas une formation qui fera de toi un bon manager, c’est sur le terrain que ça se passe ». Alors je suis partie sur le terrain, j’ai mis les mains dedans, j’ai expérimenté, parfois ça fonctionnait, parfois pas du tout…
La perfectionniste en moi était capable de passer des heures à travailler sur un sujet, à rester après les heures de bureau, à travailler de chez moi, les soirs et les weekends.
Dans mes missions, je devais former une nouvelle collaboratrice, manager une équipe de 3 personnes, continuer mes missions opérationnelles, former des utilisateurs à la solution en distantiel et effectuer plusieurs formations en présentiel aux 4 coins de la France, sans oublier de la gestion de projet, de la mise à jour de documentations techniques… Bref, comme je ne disais jamais non quand on me donnait une nouvelle mission et que je bossais bien à ce qu’il parait, on chargeait facilement la mule.
De l’épuisement vers le burn out
Consciente de mes lacunes en management d’équipe et voulant bien faire mais ne sachant pas comment m’y prendre, j’ai commencé à m’auto-former. J’ai pris une carte à la bibliothèque municipale, j’ai emprunté bon nombre de livres, je me suis abonnée à des magazines professionnels et mes soirées et mes weekends étaient en grande partie consacrée à ces lectures.
J’emmagasinais les connaissances dans l’espoir de trouver une recette magique pour être LA Manager que je voulais et surtout Celle attendue par ma direction. J’avais peur d’être démasquée, qu’on se rende compte que je n’étais pas capable de manager une équipe et de gérer les autres missions de front.
Souvent, des idées m’arrivaient la nuit, alors pour éviter de les oublier, je m’envoyais un mail, puis un autre… Lorsque j’allumais mon poste de travail, il n’était pas rare que j’ai déjà une dizaine de mails de moi qui m’attendaient suite à ma créativité nocturne.
Je me sentais impuissante, en situation d’échec, j’avais l’impression d’être maladroite. J’avais de plus en plus mal au dos et aux cervicales.
Le fait de devoir manager mes collègues et notamment certains qui étaient arrivés bien avant moi, venaient renforcer mon sentiment d’imposture. Une partie de moi, ne comprenait pas pourquoi J’avais été promue. J’avais besoin de la reconnaissance de mes collaborateurs, de mes pairs de ma direction et je ne l’avais pas, ou plus. J’avais besoin d’être appréciée alors je me pliais en 4 pour tenter de satisfaire tout le monde.
Encore une fois, j’ai porté de nombreux masques et je me suis totalement oubliée. J’étais totalement perdue, je me sentais seule dans cette expérience et il m’était impossible d’en parler à ma direction, je me serai moi-même mise à nue en enlevant mon masque de super-héroïne.
Alors j’ai continué à sourire, à tenté au moins.
Petit à petit je me suis isolée, j’ai de moins en moins parlé, j’avais toujours une bonne excuse pour prendre ma pause déjeuner en décalé…
Le jour où j’ai craqué et fait volé mon masque social
Et puis j’ai craqué, sur un simple « Ça va ? » j’ai fondu en larme. J’étais épuisée, je ne me sentais pas à ma place.
J’ai mis plusieurs mois, années à m’en remettre totalement. Les premières semaines qui ont suivi la fin de mon contrat, je n’ai fait que dormir et regarder des séries, je n’avais la force pour rien d’autres. Quand j’ai dû me remettre sur le marché de l’emploi au début j’étais en panique dès qu’on me contactait pour des postes à responsabilités je déclinais et n’allais même pas passer les entretiens. Ensuite, j’allais en entretien et lorsque j’étais prise, je me désistais quelques jours avant, j’étais totalement pétrifiée à l’idée de retomber dans le même schéma.
Pour me prouvez que j’étais capable de quelque chose, j’ai pris mon sac à dos et je suis partie en Australie. Je parlais très mal anglais mais j’avais besoin de ce challenge personnel. Me débrouiller seul, fuir une situation qui ne me convenait plus en France, passer à l’action et arrêter de tourner en rond sur mon canapé.
A mon retour, j’ai finis par postuler à des jobs alimentaires, ceux où je savais qu’on ne m’en demanderait pas trop, ceux pour lesquels j’étais sûre d’avoir déjà toutes les compétences.
J’ai passé une bonne année sur ce type de postes avant d’accepter à nouveau des responsabilités petit à petit
Comment éviter de tomber dans le burn out ?
Ce que j’ai retenu de cette expérience :
- L’importance d’être bien entourée par ses proches
- Notre mental est très fort pour nous pousser au-delà du possible, de nos limites
- Ce n’est pas normal d’arriver aux vacances dans un état d’épuisement intense
- Ce n’est pas parce que nous pouvons le faire que nous devons le faire …. S’écouter en profondeur avant de prendre une décision et de dire oui à une nouvelle mission, un projet en plus …
- Ne pas hésiter à consulter des professionnels de soin dès les premiers signaux de mal être, angoisses, douleurs physiques, insomnies… non ça n’ira pas mieux avec le temps et ce n’est pas qu’un passage
- L’importance de former les managers à l’écoute active, l’empathique et à la bienveillance même si ce terme veut tout et rien dire
- Proposer des programmes aux entreprises pour sensibiliser au mal-être à destination des collaborateurs mais aussi par les équipes de direction.
Comment les chevaux m’ont aidé à me remettre sur pied ?
A cette période de ma vie j’étais déjà et depuis longtemps cavalière. Leur présence à mes côtés m’a permis de me reconstruire. Les chevaux se fichent royalement de mon statut social, de mon niveau d’études, de mon salaire… Ils voient bien au-delà. En leur présence, j’avais l’impression de pouvoir être moi et de pouvoir respirer pleinement.
Je me souviens particulièrement d’une randonnée faite autour du mont Saint-michel. De cette connexion au cheval pendant 1 semaine, de ce sentiment de puissance et de liberté en le chevauchant au galop sur les plages. Oui, j’étais capable et j’avais de la valeur…
Pour en savoir plus sur le syndrome de l’imposteur je vous invite à lire l’article : Comment se sortir de son syndrome de l’imposteur