Pourquoi 25% des entrepreneurs souffrent du syndrome de l’imposteur ?

Mai 31, 2023

Selon une étude faite à l’occasion du livre « Entreprendre et surtout être heureux » d’Alexandre Dana, 25% des entrepreneurs se disent victimes du syndrome de l’imposteur

Il s’avère que ce pourcentage est plus élevé lorsque les entrepreneurs sont dans la phase où ils ont lancé leur activité mais qu’ils ne peuvent encore en vivre financièrement.

Pourquoi ce sentiment d’imposture est-il autant présent chez les entrepreneurs ?

  • Beaucoup se lancent dans une activité entrepreneuriale à la suite d’une reconversion professionnelle et donc ils ont le sentiment de repartir de 0
  • Ils ne se sentent pas légitimes dans leur activité entrepreneuriale
  • Ils se mettent beaucoup de pression pour réussir avec souvent l’arrêt de leur activité salariée
  • Une comparaison excessive aux autres professionnels avec une sensation d’infériorité (merci les réseaux sociaux)
  • Ils proposent des tarifs en dessous du prix du marché ce qui entraine une dévalorisation d’eux-mêmes et de leurs services
  • Un sentiment de ne pas se sentir à la hauteur entre toutes les tâches qu’ils doivent accomplir
  • Ils n’ont pas de diplôme correspondant à l’activité dans laquelle ils se lancent (merci la France pour cette culture du diplôme)

3 causes au syndrome de l’imposteur en France :

  • La culture française : Celle qui nous demande d’avoir le bon diplôme pour chaque métier et activité. Celle qui laisse à croire qu’être cultivé est un signe d’intelligence
  • Notre rapport à l’échec : Pour entreprendre il faut accepter « d’échouer » plusieurs fois. C’est par itérations que le projet avance et par des tests and learn. Or en France, l’échec est mal perçu. Parfois il suffira d’un retour négatif pour que nous doutions et nous sentions en situation d’échec.
  • Notre rapport aux autres entrepreneurs : la peur d’être rejeté par son groupe de pairs. On retrouve ici le besoin d’appartenance et de reconnaissance de la Pyramide de Maslow. Il y a comme un besoin d’être adoubé par les membres de sa nouvelle communauté. Ce sentiment est encore plus fort dans la phase « J’ai lancé mon activité mais je n’en vis pas encore » car il y a un profond sentiment d’insécurité. Il arrive à un moment où nous aurions besoin de beaucoup de sécurité pour avancer dans notre projet. En fonction de notre histoire personnel, de nos blessures, ce besoin de reconnaissance et de sécurité sera plus ou moins marqué.

Les risques de ce syndrome de l’imposteur pour les entrepreneurs :

  • A force de porter des masques sociaux, nous finissons par oublier ce qui nous anime vraiment et l’essence de notre projet
  • Nous ne nous autorisons pas à trop briller afin d’éviter de trop attirer l’attention, nous prenons le risque que notre activité entrepreneuriale ne décolle jamais vraiment et par effet de ricochet vienne renforcer ce sentiment d’imposture
  • La peur d’être démasqué par ses pairs, par ses clients entraine un travail acharner pour combler ce sentiment d’infériorité qui peut aller jusqu’à l’épuisement et le burn out.
  • Ce sentiment d’imposture peut-être renforcé par un isolement auquel sont confrontés certains entrepreneurs, avec l’idée que leur entourage ne peut les comprendre. Alors que dans l’entreprenariat il est indispensable d’être bien entouré et soutenu

Certains types d’activités entrepreneuriale plus touchées par le syndrome de l’imposteur ?

Un point que j’ai pu observer également, attention ce n’est pas scientifiquement prouvé, cela vient de mon expérience terrain : ce sentiment d’imposture pointe davantage le bout de son nez chez les personnes qui ont des projets entrepreneuriaux immatériels et basés en partie sur des soft-skills.

Je vous explique, j’avais une cliente qui avait 2 activités entrepreneuriales : l’une est de la fabrication d’objets en cuir. Là pas de soucis pour vendre ses produits et fixer des tarifs en accord avec le marché et la qualité de son travail. Par contre, dans sa deuxième activité où elle vend du service, du conseil, il lui a fallu plus de temps pour arriver à facturer ses prestations. Bien qu’elle ait terminé sa formation, elle proposait ses prestations à prix libre. Pourquoi ? Parce que dans la première situation elle vend un produit avec lequel le client repart chez lui. Dans le second cas, elle a l’impression de « se vendre » elle. Cela est donc conditionné à la valeur qu’elle se porte, à son estime, à la confiance qu’elle se porte. Elle doute de sa capacité à aider son client.

C’est quelque chose qu’on peut retrouver aussi auprès des coachs et des professionnels dont l’activité est de « vendre » leur temps et leur écoute. Nous ne choisissons pas un coach en allant lire son CV (en tout cas pour ma part) mais parce qu’il nous inspire par ce qu’il incarne, par sa posture, son expression et ce qu’il nous renvoie. C’est donc tout à fait subjectif et inconscient comme choix. Pour l’accompagnant cela peut-être encore plus déstabilisant d’être choisi de façon irrationnelle.

Quelques propositions pour se libérer de son syndrome de l’imposteur quand on est entrepreneur :

  • Garder les retours positifs de nos clients et de nos pairs. Un peu comme un doudou, à regarder lorsqu’on a un coup de mou et de doute
  • Demander des avis à nos clients suite à notre prestation
  • Créer un réseau, une communauté ou intégrer des réseaux d’entrepreneurs pour ne pas rester seul et parler aussi bien des réussites que des difficultés de chacun.
  • Arrêter de se comparer via les réseaux sociaux. Les gens marquent bien ce qu’ils veulent et cela n’est pas forcément leur réalité. Aussi, vous ne savez pas ce qu’ils ont vécu avant et par quoi ils sont passés.
  • Changer son regard sur l’échec : il s’agit d’un apprentissage. Aux USA, les banques prêtent plus facilement aux personnes qui ont déjà testé l’entreprenariat et qui ont échoué car elles auront appris de cette expérience… A méditer…
  • Ecouter son corps. L’entreprenariat c’est un marathon, pas une course de vitesse. On est notre premier « outil » de travail. Prendre soin de sa santé physique , mentale et émotionnelle est indispensable pour tenir sur la durée.
  • L’importance de remettre de la fierté dans son travail et d’être fière de soit sans rougir lorsqu’on a accompli un travail ou lorsqu’on reçoit un compliment. Apprendre à le recevoir dans le silence, l’intégrer dans son corps et dire un « merci » sincère.
  • D’autres outils sont donnés dans l’article précédent comment se sortir de son syndrome de l’imposteur ?

En conclusion, faut-il à tout prix vouloir se débarrasser de son syndrome de l’imposteur ?

Oui et non, d’un côté il nous pousse à toujours vouloir faire mieux et donc à toujours progresser et à nous former. Sa présence ponctuelle peut-être un allié dans nos projets. Le doute peut nous permettre de nous questionner et de bien nous entourer. D’un autre côté, c’est un frein qui peut à force nous pousser à l’abandon alors qu’il manque peu de chose pour réussir notre projet entrepreneurial.

J’ai envie de dire qu’il faut donc trouver l’équilibre et surtout être à l’écoute de ce sentiment d’imposture quand il se manifeste.

Qu’est ce qu’il vient nous dire ?

Comment pouvons nous nous le rassurer ?

Il est un signal de la conscience que nous devons mettre dans chacun de nos pas pour avancer de façon alignée à notre projet et à qui nous sommes.

Quand vous sentez que cela devient difficile pour vous d’avancer seul(e) sur votre projet, ne pas hésitez à vous tourner vers le professionnel de votre choix. N’attendez pas d’être épuisé pour le faire. Certes cela un coût financier mais vous avancerez tellement plus vite et sereinement sur votre projet que vous « rembourserez » rapidement votre investissement.

N’est-ce pas la plus belle preuve d’amour à s’apporter ? Croire en soi et investir en soi et en son projet ?

La suite dans 15 jours :  comment mon syndrome de l’imposteur m’a conduit au Burn out

Crédit photos Frederic Beer